Faut pas se plaindre

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Une conversation qui m’a intéressé suffisamment, je m’empresse de te la rapporter :

Faut pas se plaindre

« Faut pas se plaindre.
— Ah ! Pourquoi ?
— Ce pourrait être pire.
— Et parce que ce pourrait être pire, il ne faudrait pas se plaindre ?
— Oui.
— Se plaindre empirerait-il votre situation ?
— Peut-être.
— En quoi vous plaindre ferait-il empirer votre situation ?
— Pendant que l’on se plaint, rien ne bouge.
— Si rien ne bouge, rien n’empire. Alors pourquoi ne pas se plaindre ?
— Ne pas s’apitoyer. C’est ça, ne pas s’apitoyer.
— S’apitoyer est-ce pire, pire que la situation ?
— Oui, ça n’avance à rien.
— Cela n’avance t-il à rien d’éprouver un sentiment sous le coup d’une émotion ponctuelle ou récurrente, pour soi ?
— Peut-être. Ça dépend du sentiment, de l’émotion.
— Quelle émotion inspire un sentiment de pitié selon vous ?
— La tristesse, le mépris. Un mélange des deux et pis peut-être d’autres choses encore. Tout ça, vos questions, ça ne m’avance pas vraiment.
— Le mépris n’est pas une émotion, la tristesse oui.
— Et la pitié alors ! Ce sentiment méprisable d’amour honteux.
— La pitié non plus n’est pas une émotion. Comme le mépris, il s’agit d’un sentiment. Les deux d’ailleurs ont attraits à l’amour comme tous les sentiments sans doute.
— Quand-même, se plaindre est pitoyable. Je hais la pitié, je déteste me plaindre.
— La haine est aussi un sentiment. Quelle émotion ou, quelles émotions inspire cette pitié que vous haïssez tant, vous inspire du mépris ?
— La tristesse.
— Rien d’autre ?
— La peur aussi.
— Ainsi, la peur ou la tristesse seraient des émotions méprisables parce qu’elles vous inspirent le mépris ou la haine.
— Quand ces émotions sont si fortes qu’elles vous paralysent, vous tétanisent, vous ligotent à vous-mêmes, rien n’avance et la plainte ne sert à rien.
— Pour savoir si quelque chose est utile, il est nécessaire de l’éprouver.
— Oui, mais on ne peut pas faire que ça.
— Quand nous sommes victime, par exemple, d’un vol, d’une agression, d’un viol même, la raison voudrait que nous portions plainte comme le prévoit la loi. Pour qu’une plainte soit efficace, elle doit être déposée. Déposée mais pas n’importe où. En ce cas, nous l’adressons aux représentants de la loi. Enfin, quand nous sommes en mesure de le faire. Mais si nous adressons cette plainte, à notre meilleur ami, à notre conjoint ou conjointe, au boulanger du quartier, aux inconnus qui passent, à toute personne qui nous inspire la nécessité de déposer notre plainte alors qu’elle n’a aucun rapport avec notre mésaventure, a-t-elle ses chances de faire avancer notre situation ?
— Non. Pas chez le boulanger c’est sûr.
— Pourtant nous le faisons souvent, adresser nos plaintes à des personnes plus ou moins proches. La plupart du temps nous le faisons masqués voire, déguisés. Ne serait-ce qu’en parlant du temps qu’il fait au baromètre de nos humeurs.
— Oui. Alors il faut déposer plainte à la police et avancer dans la vie.
— Donc il faut se plaindre ?
— Bien joué ! Oui, il faut se plaindre. Il faut se plaindre mais, pas n’importe comment, pas n’importe où, pas tout le temps sinon, on n’avance pas.
— C’est très juste. En revanche, si nous ne savons pas à qui adresser notre plainte, si nous la déposons sans qu’elle soit reçue, si aucune suite n’y est donnée, se plaindre permet-il d’avancer ?
— C’est affaire de justice.
— Parfaitement. Dans tous ces cas de plaintes qui se montrent vaines, j’en vois tout de même une qui est particulière, une qui ne peut être évaluée de manière objectivable et qui pourrait bien revêtir un caractère d’utilité.
— La plainte confiée à son meilleur ami, ou celle confiée à celui ou celle qu’on aime d’amour peut-être.
— Celles-ci peuvent s’évaluer, au moins par les deux personnes en présence. L’une écoute la plainte, la reçoit dans son cœur ou son esprit selon ses aptitudes du moment, accuse l’impossibilité de la recevoir du point de vue de la justice. L’autre qui dépose sa plainte sachant, ou ignorant partiellement ou totalement que ce dépositaire n’est pas celui qui est en mesure de remédier à l’objet de la plainte mais le fait quand-même dans son besoin de déposer, pour le soulagement qu’il éprouve instantanément ou pressent, pour tout autre motif devenu impérieux et qui porte le masque du présent sur une émotion très éloignée du contexte présent qui la fait ressurgir. Elles sont alors objectivables puisque observables, bien que nous ne passons pas notre temps à les observer.
— Une plainte qui ne serait pas objectivable ? Je ne vois pas.
— Ce peut être celle que l’on adresse à soi-même.
— Il est possible de s’observer seul.
— Peut-être bien. Peut-être pas. Il est si difficile de nous extraire du monde, de l’autre et de soi à la fois. Difficile et dangereux.
— Dangereux ?
— Le danger est de se perdre, s’aliéner et le risque est si fort que nous nous y refusons le plus souvent. C’est du moins une peur majeure, une autre émotion. Mais la plainte à soi sera sans doute mal adressée si elle est mal formulée. Elle saura se faire recevable quand sa formulation sera juste.
— La formulation juste pour une juste plainte.
— Exactement. Tout comme l’application de la loi requière une formulation de la plainte permettant d’appliquer la justice au plus près de la loi. Cette application procure un sentiment de justice relatif à chacun. La plainte à soi ne saurait recourir aux témoignages, aux preuves, la plainte à soi trouve la justesse de sa formulation dans les émotions qu’elle procure. Elle sera reçue en étant dépourvue de sentiments.
— C’est impossible de n’éprouver aucun sentiment.
— Cela est au contraire, indispensable.
— La pitié dans tout ça ?
— La pitié est encore un sentiment. Nous pouvons en ressentir pour soi comme pour autrui. C’est un sentiment d’amour compassionnel appuyé sur la tristesse qui est une émotion que nous connaissons suffisamment pour compatir à celle de l’autre ou à la sienne propre.
— Merci pour la définition. La pitié de soi sur soi permet-elle de déposer une plainte juste susceptible d’être reçue par le dépositaire qui cumule avec le rôle du plaignant ?
— Justement non. Comme vous le dites, précisément, en établissant un rapport hiérarchique, la pitié est adresser « sur ». c’est de l’amour qui regarde d’un peu plus haut par une certaine distance temporelle ou circonstancielle, d’état, de nature, de position sociale, d’âge… nous éloignant de l’émotion que l’on connaît pourtant plus ou moins bien.
— C’est tout de même de l’amour.
— Nul doute, c’est de l’amour. Un amour condescendant si nous nous fions au rapport spontanément établi à l’instant. Un sentiment issu de la compassion, qui vire à la condescendance par une distanciation volontairement ou involontairement placée plutôt dans un regard oblique tendant à une pointe plus ou moins vive de supériorité donc, de mépris.
— Rapporté à soi, la pitié inspire alors le mépris, comme elle peut l’inspirer pour autrui. C’est de l’amour malade. C’est misérable.
— L’amour malade une misère. Bien sûr.
— Une misère oui, comme toutes les maladies. Il ne faut donc pas s’apitoyer sur son sort, d’autant que la plainte qui sera mal formulée ne saura pas recevable et on n’avancera à rien ainsi.
— Juste.
— Alors il ne sert à rien de se plaindre et donc, il ne faut pas se plaindre.
— Non. Éprouver de la pitié pour soi en tentant de formuler sa plainte n’en demeure pas moins une adresse d’amour à soi.
— La belle affaire, un amour si malade qu’il est déjà impossible à recevoir d’autrui.
— Impossible ! Je ne crois pas. Je ne crois pas que le mendiant ne peut recevoir ce qui lui est adressé en pitié.
— Il n’a pas le choix.
— Avons-nous le droit, la possibilité, de dédaigner indéfiniment l’amour de nous-mêmes ?
— Peut-être bien.
— Le droit oui, la possibilité que cela soi viable dans la durée, je ne crois pas. Je pense aux miséreux qui se trouvent si mal en point et particulièrement à ceux qui ne sont en mesure de s’adresser aucun amour. Je ne parierais pas sur leur longévité.
— Moi non plus.
— Nos adresses d’amour à nous-mêmes sont autant de nourritures par l’amour et d’opportunités par les caractères des maladies de cet amour de nous contraindre à nous observer. Par là, de nous distancier des sentiments, des travers des sentiments, pour nous reconnecter à l’émotion. Cette émotion qui est à vif par l’objet de notre plainte.
— Alors là, la plainte se formule de façon ajustée.
— Peut se formuler de manière à se voir reçue de soi quand l’objet de la plainte est recevable donc, lorsque l’on peut se plaindre de soi.
— De soi à soi.
— Seulement dans ce cas, se plaindre à soi-même nous apporte des possibilités de comme vous dites « avancer », des possibilités.
— Alors il faut se plaindre.
— C’est une possibilité, non une obligation.
— Oui. Nous risquerions d’avoir à nous plaindre d’y être contraint.
— Comme nous avons la possibilité, sans doute l’obligation de nous plaindre à qui de droit d’en être empêcher par une interdiction dictée par la bonne conduite, la bonne allure, la dignité, l’honneur, l’orgueil, le mépris, la représentation de ce que nous devrions être ou ne pas être. »


COMMENTAIRES de chez Short où l’on ne lit plus si librement :
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30/12/2021 Brigitte Bardou
Très intéressante cette réflexion sous forme de dialogue sur les sentiments, les émotions et la plainte dont il faut se lester au bon endroit…
– 30/12/2021 Lyncée
Merci Brigitte de ta lecture et de ton intérêt. J’ai eu l’occasion d’offrir ce texte à quelques personnes accablées de l’injonction à ne pas se plaindre. Il semble aider à s’autoriser à l’envisager sous un nouveau jour. Le plus vieux à qui je l’ai offert est un garçon d’un peu plus de 80 balais qui me parlait de son enfance d’orphelin qui a connu la guerre et la misère, des sévices corporels et s’en est aller aimer la vie comme il a pu.
Au plaisir de nos prochains croisements
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18/10/2021 Marie Quinio
Eh ben Lyncée, une sacré démonstration que celle-ci ! J’aime « son besoin de déposer, pour le soulagement qu’il éprouve instantanément  » oui on dépose plainte, besoin de déposer, poser son angoisse quelque part, refiler le bébé à quelqu’un qui partagera la charge émotionnelle peut-être.
– 18/10/2021 Lyncée
L’idée concomitante et à mon sens indissociable pour l’emploi d’une plainte est la recherche de la bonne adresse pour son dépôt.
Merci Marie de ta lecture. Au plaisir
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16/09/2021 Lyncée
Un refus de plus de pousser vers la compétition, se poursuit le chemin dans le grand bain de tes lectures.Merci de ton passage et de ta lecture et, au plaisir de nos prochains échanges
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#31, #32 et #35, Partout Charlie(s) #jesuis, 7è extrait sonore

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##jesuis l’enfant dont le cœur s’apaise sous la caresse.

[…]

#31 extrait de la 7è partie. du recueil
#32 à 40s [1]
#35 à 1m09s

1] y entendre « entre héliophobie et héliophilie » quand il est dit « entre « héliopathie » ; les délices de la prise unique !


écrit au printemps 2020
lu par André Porchy pour l’émission Écrits d’ici diffusée sur Jet FM les 2 et 16 mars 2022 à 17h30 (une émission du CIALA)
enregistré le 26 février 2022

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#jesuislà Pangolins

couverture Ebook Partout Charlie(s) #jesuis faite d'un grand haschtag stylisé.

Salut ! #jesuislà pangolins

Première date de la tournée 2023 du récital poétique #jesuislà pangolins by Lyncée, honoré de franchir à nouveau le seuil de ce café animé d’ambiances qu’on aime comme du calme aux heures matinales, à manger et à boire au brunch dominical ou des vers en pagaille des samedis après-midi sous les coups de 16 heures.

Gratos et sans réservation, viens avec un peu d’avance pour t’assoir, Lyncée à connu ce café débordant sur le trottoir des soirs de poésie où il est venu slamer.

S’il te reste un brun de monnaie après t’être offert un verre, et que le coeur t’en dit, comme sous l’envie d’aller plus loin et pourquoi pas avec du Lyncée sous ta couette, quelques recueils seront disponibles in situ.

Au plaisir


Le site du café des pangolins
Sa page Facebook

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#jesuislà Margueritte avec Nathalie Pascal et Mouna Khalifa

couverture Ebook Partout Charlie(s) #jesuis faite d'un grand haschtag stylisé.

#jesuislà Margueritte !
Le nouveau récital poétique de Lyncée aux causeries Margueritte à Nantes

Les causeries Margueritte avec 2 T comme le général qui prêta son nom post mortem à cette rue nantaise où nous retrouver le 27 novembre 2022 à 18h30.
Un récital poétique, un concert et une lecture de Luc Vidal. La causerie de la poésie au chant, pour quelle place ?
C’est gratuit, chouette et plein de bonnes gens intelligents, ne me dis pas que tu as piscine !

Pour trouver sans difficulté #jesuislà Margueritte, c’est au 23 rue Général Margueritte sur un chemin gravillonné, derrière la porte avec des paroles de chansons dessus.

Une formulation de ce qui t’attend en partie avec le récital poétique #jesuislà

à bientôt

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#3, Partout Charlie(s) #jesuis – 5è extrait sonore

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[…]Je suis ce petit garçon qui ne joue pas, n’a jamais joué peut-être. Je ne m’en souviens pas. Je suis cet agneau que l’arrêt de l’aube griffe de sa si lourde serpe pourpre. Le poids étrangle tandis que le fil émoussé de la lâche lame ne m’achève pas. Je suis l’enfant craignant la haine dans laquelle j’ai plongé, courant l’amour défaillant morbide évanoui risquant la vie à chaque pas dans ma mort. Je rêve d’arrêter le monde pour choisir qui des […]
Je suis cet homme suant, caché des hommes tuants pour défendre ou attaquer de folles valeurs vaines qui […]
Je suis ce vieil artiste, si adulé, que tu n’oserais pas même la pensée de ma méchanceté grossie de […]


Troisième des 36 textes composant ce recueil, il ouvre la deuxième partie. André nous en lit des extraits dans un ordre singulier en débutant page 13, puis 14 pour conclure en page 12.


écrit au printemps 2020
lu par André Porchy pour l’émission Écrits d’ici diffusée sur Jet FM les 2 et 16 mars 2022 à 17h30 (une émission du CIALA)
enregistré le 26 février 2022

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Ténébreux murmure

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Ténébreux murmure

Entre solstice et équinoxe
Et ailleurs

Caverneuses pensées
Prophétiques !
Pensez donc
Narcissiques ? Peut-être

Implacable lucidité
Lucidité ou non

A chacun son chaos Je vous dis le mien


écrit le 5 avril 2001
3 de 14 dans Qua o Ess d Omb
5 de 25 dans Quand on essore des Ombres

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Entretien avec Jim pour Jade FM

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Sur Jade FM, Lyncée s’entretient avec Jim

qui mène la danse

Retour sur la première édition du festival Les Plumes de Retz par une belle journée d’été le 23 août 2020 avec une belle brochette de poètes : Iz Anne, Mylène Pfeiffer, Lyncée, IsaTiCe, Fred, Artak Sakanyan, Catherine Girard-Augry, Jean Christaki, Léon, Alain Barré et Claudine Tramaux, Jean-Jacques Hulaud, dont voici les entretiens avec Jim et Thomas pour Jade FM.

Dans le lecteur du balado se trouve l’extrait de l’entretien avec Jim et Lyncée. Retrouve l’intégralité des entretiens réalisés en cette occasion dans l’ordre de la brochette avec les liens Sound Cloud.

Première partie 53 min
Deuxième partie 59 min

Un grand remerciement adressé à Krystyna Umiastowska pour l’impulsion, l’organisation et la tenue de cet événement audacieux dont j’attends la deuxième édition.

Bonnes écoutes


Se glisse dans l’entretien avec Jim un poème que tu connais déjà peut-être : Devoir poéteux

Postscriptum : Il se peut que quelques noms soient écorchés car, je n’ai pu vérifier toutes les orthographes. Alors, si ton œil avisé remarque quelque écorchure, je te remercie de me l’indiquer par courriel par exemple. De même à propos de toutes autres coquilles de tous ordres.

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La Vie en Formation Continue

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Trois verbes, deux adverbes principaux, un nom pour l’évocation du temps et, ce qui paraît l’essence de la pédagogie, la répétition. Répétition qui s’avère plutôt un étayage, soutient d’éclaircissements exploratoires aux tissages des étapes de nos évolutions, en manière de pédagogie à la pédagogie.
Nos évolutions à tâtons, riches des étapes passées comme de celles projetées que de traces en places, nous surplombons parfois en bribes de vie en formation continue.

Dans l’espoir d’apprendre toujours et ainsi s’abstenir de décréter l’immuabilité de ce qui pourrait tout aussi bien n’être pas.

Dédié tout spécialement à qui s’en sent concerné.


écrit le 16 octobre 2019, enregistré le 5 juin et monté le 09 juillet 2020
publié dans Douceur à l’État Brut

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Guettons le Guetteur

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Extrait du recueil Douceur à l’État Brut, Guettons le guetteur est un texte assez court qui vient sonder du point de vue du spectateur que nous sommes, la raison même de l’action de guetter.

Il est de certaines situations où faire le guet s’impose et le bien faire est parfois vital. Mais le ressort qui offre au guetteur l’énergie nécessaire à la bonne conduite de son action suffisamment passive en somme pour laisser le champ libre aux errances de l’esprit, est ténu et requière de s’alimenter. De sens peut-être ?
Sous peine de rompre.


écrit le 4 novembre 2016, corrigé le 21 juin 2019
enregistré et monté le 5 juin 2020.

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Je suis Lyncée

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Je suis Lyncée

« Et alors !

– Comme je veux te parler, je me présente et t’indique pourquoi je veux te parler et pourquoi je choisi de te parler. Te parler à toi. Cela me semble naturel. Nous pourrions même cheminer vers un dialogue… Qu’en dis-tu ?

-Dis toujours… On verra après…

-De toute façon si tu n’as pas envie d’écouter ou d’entendre, tu peux cliquer sur pause ou ne même pas lancer la lecture. En fait, se joue entre nous comme en tous liens, même ténu ou furtif, le choix de l’élan dont tu nourris ce lien. Sens-toi ici aussi, libre.

Un temps fait de rien, peut-être, puisque impalpable sans réponse.

-Bon ben j’y vais alors… Je reprends : je suis lyncée,… »

Le son qui en découle dans tes zoreilles juste après le déclenchement de la lecture du fichier attaché à cette insertion au balado de Lyncée met la suite de ces propos de toi à moi en mots ; les miens.


Je suis Lyncée,

Poète en dérangement qui m’arrange
Et aussi réciproquement.
Je ne veux pas grand-chose ;
Je veux juste te parler.

C’est à toi que je parle
À toi et ton sourire
Je parle pour ceux qui se disent libres
Je parle aussi à ceux
Dont les sourires t’amusent
Ou t’effraient
Qui se savent enfermés

Chaque pas dans la prison d’autrui est un pas que tu ne vois pas dans la tienne.
Les pas de ta prison te bercent dans celle d’autrui
Oncarné par delà les incarnations du vivant

C’est à toi que je parle
Forçat de ta colère
Révolté, pris de vie
À toi comme à ceux qui t’enchaînent
Quand tu cries « vivre libre ou mourir »
Le fureur qui est en toi fait déjà le choix
Enchaîné à la vie, tu meurs

Je parle aux bons à rien
Aux prêts à tout
Aux foudres de guerre
De toutes les guerres
Aux parvenus
Comme aux biens nés
Je parle aux nouveaux riches
Aux nouveaux pauvres
Je n’oublie pas les anciens
Et je parle aux bourgeois, les petits et les grands
À ceux qui ont le pouvoir
Et à ceux qui le veulent
Je parle aux écorchés, aux cuirassés
Je parle à tous les moutons, aux solitaires
Aux penseurs et aux libertaires
Aux aliénés et à leurs docteurs
À mes sœurs et à toutes les sœurs
À ton frère et à mes parents,
Aux tiens aussi…
Avant même qu’ils aient la parole, je parle aussi à tes enfants et aux miens…
Je parle aussi aux indécis
Tout comme aux imbéciles
Sur mon clavier
Je parle en moi
À tous les hommes
Même à ceux qui ne m’entendent pas
Ou, qu’ils sont occupés à d’autres choses
Ou, qu’ils n’entendent rien
Je leur parle pourtant.
Oui, c’est à vous que je parle
À toi et lui… à eux là-bas et aux autres encore et en corps

Ô, je pourrais bien poser une question pour engager un dialogue…
On le fait sur les réseaux.
Avec ce que j’entends…
Mais, je crains les réponses
Par là, je crains mon jugement des réponses…
De ne savoir que dire à la lumière et au fiel…
Que mon index barre la porte des mots qu’est ma bouche
Et pourtant, je ne veux pas me taire

Alors je dis
Je dis après avoir pesé de mon mieux
La mise en forme de pensées calquées des sens de mon
Intime
Que je t’adresse ; oui, à toi, aux autres et à elle…
En aiguillons sélectifs
Mes mots à moi
Que ne peuvent entendre tous
Et qui peuvent, indolores je le souhaite,
Au fond de toi, toucher…le vaste toi…
Qui les accueille,
T’inviter à dénicher ta propre boussole
Avec compas et carte vierge,
Sonder ton enfant à toi,
D’un pincement sec ou large, vibrer le lien de lui à toi
Que tu ne l’ignores plus enfin!
Procéder à quelques extractions
En un altruiste délestage
D’inutiles encombrants pour la route

Panser des plaies sur ton cœur d’estropié vers la mort

Que sais-je encore…
Si tu entends, c’est dans l’accueil
Si tu réponds, j’essaie d’entendre aussi

Ou rien
Si je te parle et que tu n’entends rien
Je n’y peux rien et toi non plus
Passons nos chemins qui un jour qui sait se croiseront Peut-être encore un temps

Merci de m’écouter quand tu le veux
Merci d’entendre si tu peux
Et aussi réciproquement.
Poète en dérangement qui m’arrange,
Je suis Lyncée


Extrait du recueil Douceur à l’état Brut, disponible à la demande sur Bookelis ou dans les meilleures librairies.
écrit le 23 juin 2018, corrigé le 2 décembre 2019, et encore le 21 février 2023
enregistré le 6 et monté le 12 janvier 2020


Commentaires reportés de Short édition :

29/01/2023 Orane CP
je t’ai écouté, et je t’ai entendu.
C’est magnifique Lyncée…
– 29/01/2023 Lyncée
Merci Orane. Je ne m’étends pas, je dois cesser toute autre activité pour répéter pour mon récital cet après-midi…
Au plaisir
— 29/01/2023 Orane CP
tu me raconteras plus tard ce que tu fais en récital … avant de venir le faire dans le Jura ? !!! bon après midi donc, l’artiste !
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24/09/2022 Viviane Fournier
Des mots pour le dire, pour l’écrire … alors on écoute Lyncée …et on ne peut être indifférent !
– 24/09/2022 Lyncée
Chouette Viviane !L’indifférence serait terrible à l’enfant que je suis et qui montre ses productions à ceux qui l’élèvent.
Merci des détours que tu fais à me lire, des sentiments que tu éprouvent et partagent bien qu’ici en négatif comme dans la précipitation, le photographe s’empresse de visionner sans même développer.
Au plaisir
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24/09/2022 Loredana Li ex Haruko San
Une réflexion que j’ai lue et relue et qu’il me plut de relire tant elle fait écho en moi… Merci à toi pour ces mots, bon week-end Lyncée et au plaisir de te lire encore et encore !
– 24/09/2022 Lyncée
Heureux qu’elle exprime en toi Loredana, reviens quand bon te semble.
Au plaisir
— 24/09/2022 Loredana Li ex Haruko San
Merci beaucoup je viendrai promis ! Et c’est sincère !
— 24/09/2022 Lyncée
Tant mieux. Tu peux aussi écouter sur le balado en suivant le lien du commentaire. Tu y trouveras les informations sur mes publications papier.
à bientôt Loredana
—- 24/09/2022 Loredana Li ex Haruko San
Ouiiiii
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24/09/2022 Phil Bottle
Telle une déclaration universelle des fois de l’homme. Parler, dire, dans l’espoir d’entendre et d’écouter. Nous vivons tous et toutes dans un étrange et invisible carcan. Est-ce son dérangement qui l’arrange, ou le poète qui s’arrange? Les deux, puisque le second ver confirme la réciprocité… Une déclaration digne des aèdes et des oracles d’antan.
– 24/09/2022 Lyncée
Merci Phil de ta lecture et des compliments que tu adresses à ce texte.
Au plaisir de nos prochains croisements
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14/09/2022 Ginette Flora Amouma
Étrange , quelqu’un me parlait … et je n’avais pas capté …. alors que j’attendais qu’ on me parle .
– 14/09/2022 Lyncée
En définitive, tout semble s’être bien passé pour toi Ginette.
à bientôt
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07/11/2021 Ninn’ A
Enchantée, Lyncée 🙂 moi c’est Jeanne, ici en tout cas. Nous ne pouvons effectivement pas obliger les gens à nous entendre et encore moins nous écouter. quant aux gens qui se disent libres, est-il possible d’être libre à part dans ses pensées ? quant aux idiots, idiots pourquoi, idiots par rapport à qui ? la relation à l’autre n’est pas facile 🙂 à plus et bonne journée !
– 08/11/2021 Lyncée
La relation à l’autre s’adoucit quand celle à soi devient possible, les difficultés restent à conjuguer.
Merci de tes lectures, de cette réponse à cette présentation en salutation à l’autre.
Au plaisir
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17/10/2021 Marie Quinio
Après avoir vu quelques commentaires de vous ici et là je m’étais dit que je passerais vous découvrir. Et en parcourant les titres de votre page celui-ci m’a paru la meilleure façon d’engager le dialogue 😉 Originale cette présentation ! Après une première lecture, j’écoute la version podcast.
– 17/10/2021 Lyncée
Une entrée vers mes authenticités qui fondent des rencontres sans surprises in fine lorsque nos êtres de chairs se trouvent dans un espace-temps commun. Nous n’avons pas pris rendez-vous, je t’invite à poursuivre par d’autres entrées si le cœur t’en dit ; les oreilles font leurs propres percées. Prend soin d’elles comme de toi jusqu’au plaisir de poursuivre nos échanges.
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29/07/2021 Mickaël Gasnier
Salut Lyncée…Vous parlez beaucoup et à beaucoup de monde finalement ! ;-))À bientôt sur nos lignes, si le cœur vous en dit
– 29/07/2021 Lyncée
Bonjour Mickaël,Surtout à ceux qui me prêtent l’oreille, leur nombre est fluctuant.
Il m’arrive de me taire et c’est le plus courant.
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Pour soutenir le travail de Lyncée qui y met du cœur c’est par ici sur Tipeee ou Paypall


slamé le 09/01/2020 au temps des Copains (bar) à Nantes avec l’association Slam Poetry Nantes ou sur Slam Poetry – le site de l’association
Ce soir là, il y avait qualification pour le festival Mokikoz
Une semaine plus tard au petit théâtre de la ruche
Bafouillé le 23 février 2020 en un lieu nouveau pour moi et des plus agréables : le Manoir de Claudine, la Châtaigneraie, pas sous mon meilleur jour. Fatigue quand tu me tiens !

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L’Aveugle qu’il te Faut

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L’aveugle qu’il te Faut

Baladons-nous un peu à l’écoute de quelques flots de pensées intimes de celui que tu vois, que tu croises, qui vis à tes côtés et qui ne te vois pas. Dans sa tête, un instant, là, juste derrière ses yeux car, le plus souvent il en a, des yeux… Quelque chose derrière aussi ; ainsi qu’un cœur comme on le lui souhaite. Un cœur avec de tout dedans, des peurs et des désirs, de l’amour, des chansons, et même une image de lui !
Tu vas voir ça comme c’est dingue !


écrit le 4 décembre 2016 et corrigé le 16 juin 2019
enregistré le 25 et monté le 29 octobre 2019


Pour soutenir le travail de Lyncée qui y met du cœur c’est par ici sur Tipeee ou Paypall
environ 5 heures de travail pour te le proposer ici

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La boucle bouclée avec Destination Moelleuse

L’ensemble des poèmes de ce recueil qui a été enregistré en 1998 est publié ; Destination Moelleuse qui donne le titre du recueil boucle cette parution.

Une prochaine étape si un peu de fonds la permettent sera la numérisation de la bobine qui aura assurément une bien meilleure écoute à offrir que celle de la cassette qui, retrouvée, m’offrit de te la partager ici, librement.
Si d’aventure cela se peut, l’écoute en sera réservée aux membres du blogue.

Merci encore à Jean-Luc si il se trouve que tu me lises car, je ne sais comment te joindre aujourd’hui et, merci de votre attention à tous.

La rentrée s’augure laborieuse en évolutions techniques imposées notamment, pour lesquelles des coups de mains pourraient se voir bienvenus, si tu vois ce que je veux ne pas dire vraiment, tout en appelant vivement ici !
Technique, avec la création d’un espace membres dont tu verras l’utilité très bientôt, des modifs d’envoi de cette lettre imposées par le fournisseur du script bien que les motivations me sont encore assez obscures et, la dissociation du fil RSS du recueil dont la boucle est bouclée de celui en cours dont la boucle court toujours dès les prochaines publications qui ne sauraient tarder… Ce, à fins d’améliorer l’expérience balado que ton fabuleux destin t’a conduit à découvrir chez Lyncée.
Fort enthousiasmante également, avec la préparation du deuxième florilège des poèmes à voix toujours aussi nue.

comme j’ai travaillé un peu cet été, une surprise t’attend dans les semaines à venir mais là, je n’en dirai rien de plus, c’est sûr…pour le moment…

à bientôt donc, avec tous tes amis auxquels tu auras donner l’envie de butiner du côté de par ici à l’occasion de tous les barbecues, apéros et autres rencontres que tu t’es offert cet été ou bien n’importe quand, dans l’amour de la poésie, de l’authenticité, non sans une certaine dose de dérision dans l’introspection que tu braves sans peur depuis qu’on se connaît

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Au Seuil

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Au Seuil

C’est Pégase qui t’emporte si tu passes les portes
Il suffit de dire « Vole ! », et sur son dos t’envole
Dépasse les cohortes, misérables cloportes.
De ses ailes d’argent, t’amène au firmament
Si tu poursuis l’envol… Vas-y, la course est folle
Ne ferme pas les portes ou la Terre t’attend
Les hommes et leur argent, les hommes et leurs tourments
Vas-t’en tant qu’il est temps.


écrit avant le 30 janvier 1996
enregistré et monté en 1998 avec la voix de Jean-Luc Beaujau et numérisé en juillet 2018
Copyright 1996
ISBN : 2-908068-72-9

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J’ai peur

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J’ai peur

Peu après qu’elle m’ait dit « J’ai peur »…, j’engageai en soumettant le tout premier poème que je commis dans mon tout premier presque officiel ping-pong littéraire qui nous offrit de peaufiner les règles mises à dispositions dans ces pages.
Merci donc à Martine qui joua le jeu pour une partie dont les bases prolongèrent à l’épuisement la partie… et au plaisir d’une prochaine…


écrit le 20 octobre 2016
enregistré le 1er et monté le 08 mai 2019

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Devoirs Poèteux – à zentendre avant que de devenir poète

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Devoirs Poèteux

À zentendre avant que de devenir poète ; une seule phrase y suffit ici.
Anonyme jusqu’à il y a peu, devoirs poèteux étend synthétiquement à une recommandation près, la métamorphose de la poésie sur le poète ou du poète pour la poésie.


écrit le 14 mars 2018 et corrigé pile un an après tiens !
enregistré le 19 et monté le 24 avril 2019

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La Jauge du Temps

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La Jauge du Temps

C’est assez court et n’abaissera que peu ta jauge du temps…
On écrit tant le temps, en poésie comme en tous autres écrits, que je n’ajouterai rien à te le vanter. Écoute-le ce balado, voir si ça t’a plu de le zentendre à ce sujet rabattu !


écrit le 24 octobre 2016 et corrigé le 20 mars 2019
enregistré le 19 mars et monté le 2 avril 2019

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Deux Croissants de Lune se Regardent

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Deux Croissants de Lune se Regardent

Une nuit, dans le souvenir d’un mirage d’un peu plus de dix années plus tôt : deux croissants de Lune se regardaient dans le ciel tunisien.
Rêveries rétrospectives projectives d’une fusion de souvenirs rêves m’allant pondérer une toute belle bifurcation. Un délice à revivre dans son apprentissage et plus encore à te l’enregistrer pour t’offrir ce balado ; surtout parce que je t’aime

Tu peux les retrouver ici tout pareillement quand je m’adresse à elles…


Extrait du recueil Douceur à l’état Brut, disponible à la demande sur Bookelis ou dans les meilleures librairies.
écrit le 24 octobre 2016 et corrigé le 19 décembre 2018
enregistré le 7 et monté le 10 février 2019 (et pour la première fois, je me trouvais accompagné mais tu ne l’entends pas)
slamé le 26 avril 2019 au café des Pangolins à Nantes avec l’association Appelle-moi Poésie (site) ou sur FB

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Buvard

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Buvard

Mêlés dans les méandres crépusculaires des tourments alizés de ta nébuleuse mosaïque en ruine, mes rêves t’ont noyé sous un flot de brume tout au bout de la rue. C’est au détour de celle-ci que je me vis m’égarer devant la vitrine d’un marchand d’incertitudes, sur laquelle il y avait écrit :
« – 50% sur tous les articles damnés ». Je n’ai pas résisté longtemps au crucifix décapsuleur sur lequel Jésus s’tapait un rail d’enfer !

C’est en revenant d’Eldorado que je t’ai retrouvée frêlement vêtue de ton sari, occupée à chasser tes chimères maudites, bourrasques sur les plus beaux de tes rêves agonie.

Tu étais bleue et belle agenouillée au bord de la falaise, surplombant les pointes saillantes sculptées des lames et des années ; ton visage à demi recouvert des cheveux que le vent rabattait avec le moins d’ordre qu’il pu. Je t’ai aimée.

J’étais ce vent qui voulait effacer les embruns lymphatiques chus sur tes joues rougies de la chaleur de tes peines.

Je t’ai aimée dès lors. Mais que se passe-t-il ? Voilà que tu t’envoles et que bientôt la lumière t’a capturée.

Étais-je revenu d’Eldorado ? Y retournai-je ? Je contrôlais encore bien mal le cerf-volant de papier qui me possédait. Le temps ne m’a plus manqué alors pour décrocher la guitare du râtelier de Blues-Rock qui m’habitait, et m’invitait pour cela à enchaîner les accords d’une manière dissonante, triste que m’imposait ta disparition de mon trip. Les sanglots langoureux de ma voix déraillante l’ont amenée à cesser rapidement, ce répertoire spontané. Mais me voici qui m’élève à mon tour,…

Vais-je la revoir, peut-être sera-t-elle plus belle encore ? ! Cette ascension m’aveuglait : mes aéro-solaires ne contenaient plus la lumière. Était-ce ce cerf-volant d’origine inconnue ? Était-ce tout simplement un rêve qui verrait sa fin au moindre signal du plus ingrat des instruments de la civilisation, le réveille-matin ou, était-ce « le voile » de la falaise qui me disait « Viens ! Ouvre la porte de la perception » ? Une chaleur montait peu à peu en moi. Tout d’abord agréable et confortante, elle se montra bien vite intenable, étouffante à l’image de la couleuvre qui l’est, de sang frais. Ma gorge s’est¬asséchée, et l’air de commencer à manquer -à faire pâlir une nuée de drosophiles en rut-. La céphalée qui me partageait au lever de tous soleils qui s’ennuient, simulait le bruit sourd d’un douze cylindres en V attendant la lumière d’autorisation à faire crisser ses pneus, prenant soin de bien tirer tous les riverains de leur profonde léthargie. Je devenais sciemment fou à lier, dans la chaleur, la soif et la vitesse hallucinante de cette intrigante montée. J’ai perdu connaissance à l’issue qui m’est encore inconnue, de la lutte engagée au carrefour des portes, contre le serpent géant aux dents de braises.

La chaleur s’est apaisée, mes paupières filtraient maintenant un bleu que l’on ne rencontre qu’en mer rouge, à la pêche sous-marine en faible profondeur. Au loin, un aller et retour sourd et lancinant, rassurant, celui familier à mon oreille vagabonde des vagues aux bancs de sable d’une lagune. À mes narines parvenaient de volatiles poussières de granit usé des intempéries, et des années, et cette vieille odeur crachée une dizaine de minutes après un orage marin, l’été sur les pavés de Saint-Malo, ou sur les dunes des Landes.

La texture d’un tissu de chair acheva d’éveiller mes sens. Celui de la peau sucrée et moite d’une femme. Peau qui respirait la volupté, elle effleurait mon corps de son long. Le souffle vital de l’être qui habitait cette enveloppe charnelle, me venait tiède, au rythme de la vie qui allait et venait derrière moi, nous. Ce souffle si rassurant m’arrivait au creux du cou.

Cette peau devait appartenir à la femme de la falaise _que je n’ai plus de raison d’appeler « le voile »_, nue comme la nuit sans nuage.

Au fil de mes découvertes, les éléments s’imbriquaient jusqu’à constituer un décor. Je me mis ensuite, toujours sans l’envie d’un geste, à apprendre le contact de ce voile humain tout au long de mon corps.

Ce n’est qu’au moment de son premier mouvement aventurier, tendre, que, les yeux clos, je décidai de prendre connaissance de sa chair. Nos membres murent, tous deux à la découverte de l’autre par les sens les moins usuels. Il était venu le moment de m’apercevoir de ma propre nudité. Dans l’entrelacement langoureux de nos atomes, je sentis son âme pénétrer la mienne, et mon corps pénétrer le sien, de nos coups de cœurs nous assiégeâmes nos places fortes et nous nous intronisâmes à perpétuité. Elle était bien celle des abîmes de mon âme.

Nos lèvres se sont rencontrées, et tous nos sens de communier tout le temps de ce rêve.

Une aile du cerf-volant qui m’entraînait s’est brisée, et j’ai tendu la main pour éteindre le réveil-matin qui venait de sonner, au même instant qu’à la porte on frappait bruyamment. Le temps pour moi d’allumer la lumière verte éclairant l’espace du levé de mon corps encore diffus en ce rêve, les visages de Jim Morrison et Mick Jagger, puis de déverrouiller la porte d’entrée.

Un souffle glacial envahit la pièce. Elle était déjà là ! Elle était là devant ma porte, haute, grande, maigre et imposante, malgré son allure de porter un fardeau. Elle avait effacé en arrivant, le décor qui m’est familier au sortir de chez moi. Elle y avait substitué sa horde de serpents agités, venimeux et gluants à têtes écaillées, aux ailes de papier crépon noir tirant la faux dont elle avait fainéantise de s’affranchir.

On ne lui voyait pas le visage au travers de l’ombre de son manteau noir lui aussi, mais je l’ai vite reconnue à l’appel du squelette de sa main tremblante, allongée. Le cerf-volant, je crois, m’a dit de prendre mes cigarettes ; nous pûmes partir aux alentours de minuit.


écrit le 13 décembre 1993
enregistré et monté en 1998 avec la voix de Jean-Luc Beaujau et numérisé en juillet 2018
Copyright 1996
ISBN : 2-908068-72-9

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États aux Quatre Temps

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C’est un peu les quatre saisons ; en pas pareil…

États aux Quatre Temps

Voici venu le temps des primes fleurs
Voici venu celui des derniers pleurs
Celui des senteurs fraîchement délivrées,
Quand tout en douceur pointe un soleil cuivré.

Les bourgeons frémissent
Sous les harmoniques de la grande harpe.
Mes entrailles y cicatrisent
En épongeant les glaces qui s’égouttent.

Liberté salutaire, je te retrouve
Comme je t’ai laissée hier, entière, malgré
Les coups de baïonnettes et les tirs d’artillerie.
Ris plus encore qu’un jour je les découvre
A l’ombre d’un pommier, terrés, qu’au gré
De mes lubriques idées
Je leur mastiquerai les joyaux hérités.

Et quand après dîner, je serai rassasié
De mon hiver passé à dormir pour l’été,
Être en mesure de courir, chasser, veiller,
Me prélasser aussi, en reluquant les filles
Qui passe le sein lourd comme des ombres chinoises.

Au soleil où s’achève de sécher ma peine
Étale, j’égrappe mes souvenirs suspendus
En regardant passer, les nuages au loin,
Éparses et crémeux. les beaux nuages vains.

Il était là le temps du repos,
Il est passé celui des lézards,
Celui des parfums chaudement inhalés
Quand en profondeur cuit un soleil irradié.

* * * * *

Voici qu’arrive le temps des cloportes
Voici venu celui des feuilles mortes
Celui des premiers saignements
Quand de voraces frissons remontent en surface

Chargés de fumets nauséeux, les volutes fatales
M’engouffrent sous l’infini.
Les bons jours n’ont plus cours ;
Plus de senteur fraîche, ni de fille jolie,
Le temps n’est plus aux rires, mais plutôt d’en finir.

Trépasser comme les chênes perdent à l’automne
Un peu de leur jeunesse, un peu plus de vigueur.
Succomber aux assauts du vieux chacal hurlant
Qui me saute à la gorge puis dévore mes entrailles.
C’est là mon seul espoir, mon unique prière.
Mais il passe chemin, jusqu’à la prochaine faim
S’assurant avant tout, qu’il subsiste mon souffle.

Et quand après dîner, je le sais rassasié,
Il hante au crépuscule mes rêves agonies.
Il est suivi de hyènes qui vomissent les vipères
Écarlates de l’enfer, et d’un loup qui bave blanc.
La horde sanguinaire dispute ma dépouille.

Je ne veux pas survivre à l’hiver
Pourtant j’attends
Des crevasses lézardes le bleu de ma chair.
Dans mes béantes plaies j’ai vue sur l’infini.

Voici venu le temps de l’ultime sacrifice
Voici venu celui qui va m’ensevelir
Celui qui jettera un lourd linceul blanc
Quand m’aura abattu mon tout dernier sommeil


écrit avant 1996
enregistré et monté en 1998 avec la voix de Jean-Luc Beaujau et numérisé en juillet 2018
Copyright 1996
ISBN : 2-908068-72-9
Toutes mes excuses au sujet de la qualité, c’est l’enregistrement qui a été le moins aisé à nettoyer… Accrochez vos oreilles

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L’Amour à Fleur de Danse

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L’Amour à Fleur de Danse

Introspection du désir dans la pulsation des amants échoués sur la grève. Encore une vague en corps ; qu’ils s’aiment

Je recherche pour ce poème, des interprètes hommes et femmes pour d’autres propositions sonorisées… Contactez-moi si vous souhaitez en être.

L’Amour à Fleur de Danse

J’aime l’amour à fleurs, l’amour à bouches,
L’amour en accroche-cœurs, l’amour qui touche
Baigner dans nos senteurs quand plus rien ne bouge
Poser la tête à fleur du ventre où je
Prolonge l’amour
Qu’il dure toujours
Au fond de moi
Poinçonne
Poinçonne-moi
Imprègnes-moi
Et, reprends-moi dès que tu peux
Bander encore
Rien qu’un p’tit peu
Sous mon souffle
Et mes cheveux
Là, dans ma main qui te réchauffe.
J’aime l’amour encore, l’amour de nous,
Sentir mon désir fort, l’amour en nous
Sentir monter en corps que tout recommence
J’aime que nos deux corps s’apprennent en danses


écrit le 8 décembre 2016
enregistré le 07 mai 2018 et monté le 31 mai 2018.


Pour soutenir le travail de Lyncée qui y passe des heures, c’est par ici sur Tipeee ou Paypall


Commentaire reporté de Short édition :
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27/08/2021 Olivier Descamps
Fusionnel et passionné !
– 30/08/2021 Lyncée
dans l’extase des chairs
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