Un va bondir

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Un va bondir

Trois formes hautes sortent de l’ombre d’un haut mur et viennent refléter les poussières de lumières du ciel étoilé. Trois hommes jeunes, grands et forts, aux torses nus et modelés d’ombres musculeuses, s’avancent en un rang résolu, doux et puissant avec en leur main droite un lapin blanc éclatants de lumière. Ces lapins sont calmes, comme saisis de leurs sorts, tapis aux creux des mains larges. À la main gauche, de la gauche à la droite, une grosse cloche, une grosse épée et un marteau ou plutôt une petite masse.
Il s’agit alors de déterminer lequel des trois lapins s’enfuira car, je sais déjà que l’un d’eux va jouer son sort sur le ressort d’un bond. C’est le marteau qui s’anime et surprend le lapin au côté de la cloche qui détale comme prévu.
Je m’éveille, le sourire aux yeux et aux lèvres.


écrit le 22 octobre 2020 à la suite d’un rêve commandé et publié à fait-maison dans un minilivre « Onirimoi » offert aux amis qui passèrent par là…


report des commentaires :

3
15/11/2021 Viviane Fournier
On saute-lapins sur tes mots ….libre comme le petit détaleur ! … Surprenant et au final, un sourire rencontre le tien …
– 15/11/2021 Lyncée
Chic !Sourire c’est chouette. Qu’il s’en échange, c’est plus chouette !Merci Viviane de ta lecture et de ton sourire
———————————- 11/11/2021 Ginette Flora Amouma
Je n’ai pas trouvé la pensée qui se cache derrière tout cela , les ombres ont disparu trop vite ! Trop bien , Lyncée.
– 15/11/2021 Lyncée
Merci Ginette de ton passage et du partage de tes impressions.Je cherche encore le lapin qui sait sûrement lui, l’idée derrière.
2———————————
11/11/2021 Alice Merveille
Bonne chance au lapin bondissant !
– 11/11/2021 Lyncée
Merci pour lui Alice. Les autres en ont-ils moins besoin ?Trêve de taquinerie, merci de ton passage et belle journée à toi
— 11/11/2021 Alice Merveille
A toi aussi !
1———————————
24/08/2021 Blackmamba Delabas
Je veux bien jouer le rôle du lapin rebelle qui détale…
– 24/08/2021 Lyncée
Je te propose de tourner pour vaquer les soirs de liberté ainsi offerte

à toi la suite…

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Quand il n’y a qu’à écrire

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Quand il n’y a qu’à écrire, se repasse le film. Le film que je préfère avec tout moi dedans et une femme toute elle, l’inouïe elle, mon Isabelle.
Elle aime à ce qu’elle dit, les temps passés à embrasser le temps qui passe autour de nous, qui nous enroule, et où se roulent, nos hanches en quelques pas sur tant des temps qui filent des paumes pressées pour la danse.
Il aime, quand elle lui dit, qu’elle réponde ou bien engage, qu’elle dise les mots, l’élan, et les sourires. Ceux qu’ils échangent, ceux qu’ils suscitent aussi. Il aime à ses côtés, les mots, les pas, les rires, la musique des silences, en nous et dans tous leurs états.
Elle aime qu’il aime, et l’accueillir, et la rejoindre, la cueillir et la humer dans le cœur des étreintes, qu’elle aime. Il aime qu’elle aime, aime toute la vie et lui aussi. Les rendez-vous qui font les temps qu’ils font, et les récits, ceux d’elle et lui, dedans la vie, dans les mesures qui décomposent. Et leurs étreintes.
Il aime les mots, les siens, qu’ils viennent du cœur, de la raison, ils chantent les douces chansons, et les horreurs, leurs épouvantes. Ils chantent aux unissons des fragilités vraies et fortes de se sentir, juste se sentir. Pour elle aussi les mots de lui composent les doubles hélices de l’ADN, leur Amour Des Nous. Elle aime les mots qu’ils partagent, échangent, s’empruntent, se disputent, s’offrent et inventent, redéfinissent. Elle aime les mots en extensions des sens, à l’expression des corps.

Elle est là, dedans son corps et toute sa nudité. Elle s’est déposée là, dedans les murs de la maison dont j’ai la clef. Elle s’est endormie, dedans mon lit tout contre moi, mon corps et moi.

Dans le souvenir d’elle, de quelques heures passées, et je me love à elle, elle qui s’en est allé vers nos incertains temps de prochains croisements envisagés. Et je l’écris, le lui écris. Et je vais m’endormir, contre sa peau, sa nudité, de tout son corps la confiance au-dedans et elle.
Un titre encore, le pitch ensuite, après la mort. Le titre alors, eux dans le monde autour d’eux.
À revoir ce titre, hein ?


déjà publié sur short édition, en voici une version sonorisée par Manon, une voix de synthèse Acapela.


Report des commentaires :

14———————————-
23/01/2023 Alice Merveille
Un grand plaisir à te relire Lyncée !
– 24/01/2023 Lyncée
Plaisir de nos croisements que je partage. Merci Alice
13———————————-
23/01/2023 Orane CP
Une écriture qui touche au coeur et au corps…
– 23/01/2023 Lyncée
Merci Orane, cette formulation simple du compliment me touche
12———————————-
18/12/2022 Guy Bellinger
Un style très particulier, qui oblige le lecteur à s’arrêter sur les mots et groupes de mots, pas toujours enrobés du reste de la proposition, pas toujours séparé par la ponctuation courante mais toujours palpitants. c’est un texte de l’union vibratile des corps et des âmes, très poétique.
– 18/12/2022 Lyncée
Merci Guy d’avoir pris soin de développer ton commentaire. Qu’il faille s’arrêter, c’est bien le reproche que je me fais souvent, c’est aussi la sotte exigence aux lecteureuses d’avoir à fournir un effort, c’est mon impasse le plus souvent. C’est chouette que tu l’ais apprécié !
Au plaisir de prochains croisements.
11———————————-
01/11/2022 Jean-Louis Blanguerin
J’aime cette recherche dans les mots, les expressions, le rythme. J’aurais classé ce texte dans les poésies plus que dans les nouvelles…
– 03/11/2022 Lyncée
Merci Jean-Louis,Je dois y réfléchir, puisque ta suggestion fait écho à un autre commentaire. Il manquerait à mon sens une sous-catégorie pour la prose poétique.
Merci de ta lecture aussi et belle journée à toi
10———————————-
29/10/2022 Viviane Fournier
J’ai vraiment aimé … un vrai ressenti sur les lignes et une belle écriture qui surprend les émotions pour les soulever encore davantage … c’est beau !
– 30/10/2022 Lyncée
Merci Viviane, c’est toujours bon de te lire. Reviens quand tu veux !
Au plaisir
9———————————-
29/10/2022 Annabel Seynave-
Les images sont belles, l’écriture sobre et efficace, c’est porteur de beaucoup d’émotion et de sensualité. Bravo !
– 29/Lyncée
Chouette ! Merci de ce retour Annabel, si la sensualité est portée, j’ai touché une part du but de mon besoin d’écrire ce soir là.
Au plaisir
— 29/10/2022 Annabel Seynave-
😌😘😊
8———————————-
29/10/2022 Phil Bottle
Très beau texte, Lyncée. Merci du moment.
– 29/10/2022 Lyncée
Merci Phil de ta lecture
7———————————-
29/10/2022 Alice Merveille
Une écriture à la musique des mots tout à fait particulière… une musique un peu durassienne…
– 29/10/2022 Lyncée
Vous vous passez le mot !Heureusement, j’aime à lire cette auteureuse dont bien des pages font mon régal. Merci de ton passage sur mes pages Alice, et au plaisir
6———————————-
29/10/2022 Daisy Reuse
Ecrire avec cette jolie plume à l’encre d’amour qui effleure les corps et les coeurs…C’est très beau.
– 29/10/2022 Lyncée
Merci Daisy du partage de ton appréciation, de ton imprégnation.
Au plaisir de goûter à nos prochains mots aux cœurs.
5———————————-
29/10/2022 Sabine Cario
Très joli poème.Je suis très heureuse pour toi (et pour Isabelle) qu après la bataille et l angle aigu dans l amour tu connaisses l harmonie et la courbe dans l amour. Je te souhaite et vous souhaite de marcher, pédaler, danser longtemps sur votre joli chemin
Big bisous
– 29/10/2022 Lyncée
Merci Sabine de tes mots, ta lecture. En revanche, les références à Carlos ;-p
à tout bientôt
4———————————-
29/10/2022 Denis
Une chanson à chanter à deux, dans un murmure ou à pleine voix.
– 29/10/2022 Lyncée
Chiche ! Tu nous proposes une musique, j’offre une voix !Au plaisir Denis, merci de ton passage sur mes pages.
3———————————-
14/09/2022 JL DRANEM
Une écriture cinématographique, c’est à dire à24 images seconde… pour obtenir la meilleure des persistances rétiniennes.On rejoint en cela l’écriture de Marguerite Duras comme citée précédemment.
– 16/09/2022 Lyncée
Merci JL, du détail du compliment qui vient me toucher plus pleinement par la meilleure compréhension qui est mienne.
Au plaisir
2———————————-
10/09/2022 Hortense Remington
Une écriture singulière, belle et puissante ! J’aime !
– 10/09/2022 Lyncée
Merci Hortense
1———————————-
28/07/2022 Eva Dayer
Une écriture qui m’a fait penser à Marguerite Duras…
– 28/07/2022 Lyncée
Ouah ! Ben tu ne fais pas semblant quand tu compares !Reçu comme compliment donc. Merci Eva

à toi la suite

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Deux Croissants de Lune se Regardent

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Deux Croissants de Lune se Regardent

Une nuit, dans le souvenir d’un mirage d’un peu plus de dix années plus tôt : deux croissants de Lune se regardaient dans le ciel tunisien.
Rêveries rétrospectives projectives d’une fusion de souvenirs rêves m’allant pondérer une toute belle bifurcation. Un délice à revivre dans son apprentissage et plus encore à te l’enregistrer pour t’offrir ce balado ; surtout parce que je t’aime

Tu peux les retrouver ici tout pareillement quand je m’adresse à elles…


Extrait du recueil Douceur à l’état Brut, disponible à la demande sur Bookelis ou dans les meilleures librairies.
écrit le 24 octobre 2016 et corrigé le 19 décembre 2018
enregistré le 7 et monté le 10 février 2019 (et pour la première fois, je me trouvais accompagné mais tu ne l’entends pas)
slamé le 26 avril 2019 au café des Pangolins à Nantes avec l’association Appelle-moi Poésie (site) ou sur FB

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Un premier bilan teinté de sentiments

L’année s’achève dans le plaisir infini de revivre un peu du plaisir qu’il m’a été donné de te partager un peu de poésie de mon cru. Sous formes de balados que tu peux retrouver ici ; on dit aussi podcast mais, c’est pareil… comme à te les dire directement.

J’ai appris
que, motivé, je savais apprendre par cœur,
que je n’avais pas eu besoin d’un idiot pour m’apprendre à monter en mode basique,
que j’aurais bien besoin du savoir-faire d’un monteur aguerri pour un travail de meilleure qualité,
qu’à lire tes commentaires, mes propositions te touchent,
que j’aime beaucoup te les dire en public,
que j’ai la trouille aussi,
qu’il arrive que mon organisation ne t’offre rien parfois,
que quand-même, le rythme hebdomadaire c’est déjà soutenu avec le travail que ça demande pour t’en poster un,
que je ne sais pas trop bien qui s’est inscrit par mail et reçoit à chaque publication via une lettre en anglais de Blubrry podcasting au lieu de la lettre de Lyncée parce que j’avais mal réglé le truc au départ…,
que je ne sais toujours pas combien Lyncée a d’abonnés sur Itunes, ni si Lyncée est disponible sur google podcast… et tant de réglages qu’il me reste à comprendre dans le détail…,
qu’un technicien efficace serait le bienvenu pour toutes ces questions chronophages pour lesquelles ma motivation se situe à mie hauteur de la tige de la pâquerette,
que plusieurs fois tu t’es trouvé à deux clics de devenir le premier tipeur de Lyncée mais que quelque chose d’indicible et mystérieux t’auras retenu bien malgré toi,
que la page de Lyncée sur Facebook a permis de montrer les visuels de Lyncée tandis que des poèmes s’écoutent,
que des gentils pourvus d’yeux correctement reliés aux aires de l’orthographe pouvaient, en toute amitié, te signaler des coquilles présentent sur ces pages (je vous en remercie)
et, tant d’autres choses zencore…

Allons, trêve de bilan, voici pour le conclure, pour tes prochaines escapades pédestres ou intimes de nuit comme d’amour, avant trépas, , ma compilation de l’année avant que de plonger, ravi dans la suivante :

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Urbainescopie

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Urbainescopie

Bien que des transports
les plus rapides de la ville, le
métro se traînait ce soir. Un long ver
effrayant le jour tant il se confond tel
le caméléon, avec les couleurs de
l’urbaine capitale. La nuit enroule la
cité et ses habitants dans un duvet
feutré qui, les yeux clos et une jarre
d’imagination, vous réchauffe et vous
berce. Mais Pierre affrontait maintenant
ce reptile souterrain, le guettant aux
abords d’une des multiples issues de son
terrier. Sa progression se fit entendre.
Elle se fit attendre des chasseurs
impatients. Tous les jours depuis qu’un
technicien de maintenance des égouts de
la ville l’avait découvert – créditant
ainsi toutes les rumeurs qui couraient
au sujet de bruits et de tremblements
venant du sous-sol -‘ des chasseurs
tentaient parfois par centaines, leur
chance de l’anéantir. On du élargir les
accès au terrier. Chaque fois le même
scénario le monstre finissait par
apparaître, stoppait le temps
d’engloutir une pleine ration, et sans
que quiconque fît mouche, reprenait sa
route. Au cours de sa longue
progression, le monstre digère et
recrache ce dont il ne peut plus rien
tirer. Les chasseurs sont sa force. Mais
tous les soirs également, de plus petits
groupes (sans doute mieux entraînés)
tentent de l’avoir à l’usure.


écrit en décembre 1993 et modifié le 19 décembre 1994
enregistré et monté en 1998 avec la voix de Jean-Luc Beaujau et numérisé en juillet 2018
Copyright 1996
ISBN : 2-908068-72-9

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Buvard

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Buvard

Mêlés dans les méandres crépusculaires des tourments alizés de ta nébuleuse mosaïque en ruine, mes rêves t’ont noyé sous un flot de brume tout au bout de la rue. C’est au détour de celle-ci que je me vis m’égarer devant la vitrine d’un marchand d’incertitudes, sur laquelle il y avait écrit :
« – 50% sur tous les articles damnés ». Je n’ai pas résisté longtemps au crucifix décapsuleur sur lequel Jésus s’tapait un rail d’enfer !

C’est en revenant d’Eldorado que je t’ai retrouvée frêlement vêtue de ton sari, occupée à chasser tes chimères maudites, bourrasques sur les plus beaux de tes rêves agonie.

Tu étais bleue et belle agenouillée au bord de la falaise, surplombant les pointes saillantes sculptées des lames et des années ; ton visage à demi recouvert des cheveux que le vent rabattait avec le moins d’ordre qu’il pu. Je t’ai aimée.

J’étais ce vent qui voulait effacer les embruns lymphatiques chus sur tes joues rougies de la chaleur de tes peines.

Je t’ai aimée dès lors. Mais que se passe-t-il ? Voilà que tu t’envoles et que bientôt la lumière t’a capturée.

Étais-je revenu d’Eldorado ? Y retournai-je ? Je contrôlais encore bien mal le cerf-volant de papier qui me possédait. Le temps ne m’a plus manqué alors pour décrocher la guitare du râtelier de Blues-Rock qui m’habitait, et m’invitait pour cela à enchaîner les accords d’une manière dissonante, triste que m’imposait ta disparition de mon trip. Les sanglots langoureux de ma voix déraillante l’ont amenée à cesser rapidement, ce répertoire spontané. Mais me voici qui m’élève à mon tour,…

Vais-je la revoir, peut-être sera-t-elle plus belle encore ? ! Cette ascension m’aveuglait : mes aéro-solaires ne contenaient plus la lumière. Était-ce ce cerf-volant d’origine inconnue ? Était-ce tout simplement un rêve qui verrait sa fin au moindre signal du plus ingrat des instruments de la civilisation, le réveille-matin ou, était-ce « le voile » de la falaise qui me disait « Viens ! Ouvre la porte de la perception » ? Une chaleur montait peu à peu en moi. Tout d’abord agréable et confortante, elle se montra bien vite intenable, étouffante à l’image de la couleuvre qui l’est, de sang frais. Ma gorge s’est¬asséchée, et l’air de commencer à manquer -à faire pâlir une nuée de drosophiles en rut-. La céphalée qui me partageait au lever de tous soleils qui s’ennuient, simulait le bruit sourd d’un douze cylindres en V attendant la lumière d’autorisation à faire crisser ses pneus, prenant soin de bien tirer tous les riverains de leur profonde léthargie. Je devenais sciemment fou à lier, dans la chaleur, la soif et la vitesse hallucinante de cette intrigante montée. J’ai perdu connaissance à l’issue qui m’est encore inconnue, de la lutte engagée au carrefour des portes, contre le serpent géant aux dents de braises.

La chaleur s’est apaisée, mes paupières filtraient maintenant un bleu que l’on ne rencontre qu’en mer rouge, à la pêche sous-marine en faible profondeur. Au loin, un aller et retour sourd et lancinant, rassurant, celui familier à mon oreille vagabonde des vagues aux bancs de sable d’une lagune. À mes narines parvenaient de volatiles poussières de granit usé des intempéries, et des années, et cette vieille odeur crachée une dizaine de minutes après un orage marin, l’été sur les pavés de Saint-Malo, ou sur les dunes des Landes.

La texture d’un tissu de chair acheva d’éveiller mes sens. Celui de la peau sucrée et moite d’une femme. Peau qui respirait la volupté, elle effleurait mon corps de son long. Le souffle vital de l’être qui habitait cette enveloppe charnelle, me venait tiède, au rythme de la vie qui allait et venait derrière moi, nous. Ce souffle si rassurant m’arrivait au creux du cou.

Cette peau devait appartenir à la femme de la falaise _que je n’ai plus de raison d’appeler « le voile »_, nue comme la nuit sans nuage.

Au fil de mes découvertes, les éléments s’imbriquaient jusqu’à constituer un décor. Je me mis ensuite, toujours sans l’envie d’un geste, à apprendre le contact de ce voile humain tout au long de mon corps.

Ce n’est qu’au moment de son premier mouvement aventurier, tendre, que, les yeux clos, je décidai de prendre connaissance de sa chair. Nos membres murent, tous deux à la découverte de l’autre par les sens les moins usuels. Il était venu le moment de m’apercevoir de ma propre nudité. Dans l’entrelacement langoureux de nos atomes, je sentis son âme pénétrer la mienne, et mon corps pénétrer le sien, de nos coups de cœurs nous assiégeâmes nos places fortes et nous nous intronisâmes à perpétuité. Elle était bien celle des abîmes de mon âme.

Nos lèvres se sont rencontrées, et tous nos sens de communier tout le temps de ce rêve.

Une aile du cerf-volant qui m’entraînait s’est brisée, et j’ai tendu la main pour éteindre le réveil-matin qui venait de sonner, au même instant qu’à la porte on frappait bruyamment. Le temps pour moi d’allumer la lumière verte éclairant l’espace du levé de mon corps encore diffus en ce rêve, les visages de Jim Morrison et Mick Jagger, puis de déverrouiller la porte d’entrée.

Un souffle glacial envahit la pièce. Elle était déjà là ! Elle était là devant ma porte, haute, grande, maigre et imposante, malgré son allure de porter un fardeau. Elle avait effacé en arrivant, le décor qui m’est familier au sortir de chez moi. Elle y avait substitué sa horde de serpents agités, venimeux et gluants à têtes écaillées, aux ailes de papier crépon noir tirant la faux dont elle avait fainéantise de s’affranchir.

On ne lui voyait pas le visage au travers de l’ombre de son manteau noir lui aussi, mais je l’ai vite reconnue à l’appel du squelette de sa main tremblante, allongée. Le cerf-volant, je crois, m’a dit de prendre mes cigarettes ; nous pûmes partir aux alentours de minuit.


écrit le 13 décembre 1993
enregistré et monté en 1998 avec la voix de Jean-Luc Beaujau et numérisé en juillet 2018
Copyright 1996
ISBN : 2-908068-72-9

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Aux Amants dans la Nuit

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Aux Amants dans la Nuit

Comme l’évidence d’un rendez-vous au-delà des chaires, entre les cœurs et l’infini, voyage sous le couvert de la nuit.

écrit le 27 mars 2017

Slamé le 18 avril 2018 au café le Rouge Mécanique à Nantes avec l’association Lapins à Plumes
Voisé en un lieu très agréable, au Manoir de la Chataigneraie le 23 février 2020

enregistré le 22 avril 2018 et monté le lendemain ; 6 heures de travail


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